Les fêtes et les chants de la révolution française

126 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

restation de Sarrette; le 5 germinal an II (25 mars 1794), celui-ci fut conduit à Sainte-Pélagie.

Les musiciens de l’Institut national firent, comme de _raison, tout ce qui était en leur pouvoir pour obtenir sa libération. Vény, sergent-major du corps de musique et secrétaire de l’Institut, assura au Comité que son chef était « victime d’une intrigue ourdie par Roland ». Le pauvre Roland! La section de Brutus attesta qu'ilavait toujours été « ardent patriote », « l'âme des patriotes dela section ». Le meilleur argument en sa faveur fut qu'on avait besoin de lui, dans un intérêt public, pour former les corps de musique destinés à l’armée du Nord. Il fut done remis en liberté provisoire, sous la surveillance d'un garde. Enfin les membres de l'Institut insistèrent : en leur nom, Gossec, Méhul, Lesueur ! signèrent une pétition pour obtenir sa mise hors de cause définitive. Après tout, Sarrette était un trop petit compagnon pour être digne des premiers rôles. Il ne valait pas Péchafaud! On le relâcha donc : le 21 floréal, il put vaquer librement à ses travaux.

Ce ne fut pas d’ailleurs la fin de ses tribulations. Sarrette s'était trop compromis par ses coups de tête pour être oublié si vite; inscrit sur la liste des terroristes, il fut arrêté de nouveau après le 9 thermidor; ses armes lui furent retirées; et l’on ne sait trop ce qui serait advenu de lui, sous ce régime aussi peu clément que celui de la terreur précédente, si Chénier, le meilleur ami de l’Institut de musique, devenu membre du

1. Quand on se rappelle quelle fut, sept ans plus tard, la conduite peu généreuse de Sarrette à l’égard de Lesueur, cet homme de génie, ce grand cœur, qui venait, dans une circonstance inquiétante, mettre ainsi l'autorité de son nom au service d’une cause qui n’était peut-être pas excellente, on est autorisé à faire certaines réflexions.:::