Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LÊTRE SUPRÊME. j 133

Dieu de la liberté, père de la nature, ïréateur et conservateur,

O toi, seul incréé, seul grand, seul nécessaire,

Auteur de la vertu, principe de la loi,

Du pouvoir despotique immuable adversaire, La France est debout devant toi.

j1 y a dans ces vers un souffle qui rappelle celui du polyeucle de notre vieux Corneille, tandis que le vers final vient, avec une belle concision, replacer l'œuvre dans son milieu de temps et d'espace. Gossec écrivit pour cel exorde une musique proche parente de son œuvre inaugurale, le Chant du 1 Juillet, dont on peut reconnaître au passage quelques formules : il ne pouyait faire choix d’un plus beau modèle. Peut-être est-il permis de découvrir dans le prototype une inspiration plus directe, plus de sincérité, plus d'âme; mais la plus grande richesse des moyens utilisés dans l'œuvre seconde lui donne Papparence d'une beauté plus imposante. L'orchestre, où les instruments de cuivre dominent, — trombones, trompettes, cors, — accompagne le chant avec la plénitude d’un orgue aux mille jeux; les accords des voix, très harmonieusement disposés, ont des inflexions d’üne grande suavité. Le mouvement est lent, soutenu; le sentiment, celui d’une piété sineère, sinon de la foi.

Une seconde strophe module dans un ton plus sombre : elle maintient le mouvement lent; mais l’orchestre, cessant de procéder par longues notes, mêle des dessins plus mouvémentés aux accords toujours soutenus des voix. Cest qu’en effet l'invocation dit la puissance du dieu des tempêtes :

Ta main lance la foudre et déchaine les vents.

La troisième strophe, plus sereine, fait revenir au