Les fêtes et les chants de la révolution française

1436 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

chant les harmonies contemplatives de la première : « Tes autels sont épars dans le sein des campagnes... » Mais, à la quatrième, le ton se hausse à celui de l’imprécation, car le poète maudit les ennemis vaincus, et songe que l’Étre suprême a présidé à leur défaite :

Ton invisible bras guidait notre courage, Tes foudres marchaient devant nous.

Ici, les voix d'hommes, réunies en un ferme unisson, font retentir un anathème dont nous retrouvons l’accent musical dans des œuvres de 1830, mais que l’histoire doit signaler comme ayant été suggéré pour la première fois à Gossec quand il eut à traduire les indignations de Robespierre : je n'en connais pas d'exemple dans l’art antérieur. Cet épisode, avec lequel le mouvement s’anime, sert de transition pour aboutir à la péroraison musicale, faite d’une cinquième et d'une sixième strophe répétant l’une après l’autre la même musique belliqueuse et triomphale :

A venger les humains la France est consacrée.

Que notre Liberté, guidant nos étendards,

Fasse à jamais fleurir sous ses palmes fécondes Les vertus, les lois et les arts 1.

Le plan de David disait en outre, parlant du chant populaire qui devait terminer la fête :

Les pères, accompagnés de leurs fils, chantent une première strophe ; ils jurent ensemble de ne plus poser les armes qu’après avoir anéanti les ennemis de la République : tout le peuple répète la finale. Les filles avec leurs mères, les yeux fixés vers la voûte céleste, chantent une seconde strophe... le peuple répète

1. Sur la forme primitive et les divers remaniements des Hyinnes à l'Étre Suprême, ainsi que sur les documents qui nous ont fait connaître ces œuvres et les discussions et incidents qu'ils ont provoqués, voir l’'Appendice.