Les fêtes et les chants de la révolution française

APPENDICE. 269

alternativement par le chœur et par le peuple) ne fut pas observée : outre l'impossibilité matérielle d’une telle exécution, un document probant l’atteste, c'est la partition même de Gossec, où tous les versets sont traités musicalement, sans interruption, et sans que la voix populaire ait eu la possibilité de s'unir à celle des chanteurs professionnels. __ J'ai publié le thème du premier verset et une transcription d'un interlude en forme de passe-pied dans la brochure intitulée : Trois Chants du 14 Juillet sous la Révolution, Fischbacher, 1899.

Sur la musique de Gossec pour le Chant du 14 juillet et l'Hymne à Voltaire :

Lors de la fête célébrée à Paris en juillet 1791 pour la translation des restes mortels de Voltaire au Panthéon, Chénier composa un hymne que Gossec mit en musique. Cette musique, insérée dans le recueil de Musique à l'usage des Fêtes nationales publié par le Conservatoire, par conséquent sous les yeux de Gossec, présentant ainsi toute les preuves d'authenticité, est toute différente de celle du Chant du 14 Juillet.

Cependant, au lendemain de la fête, le Courrier de Gorsas, donnant dans sa feuille (par une exception fort rare dans la presse de ce temps-là) de la musique imprimée, reproduisait les paroles de l'Hymne à Voltaire de Chénier adaptées à une autre musique, que j'ai reconnue pour être celle du Chant du 14 Juillet de Gossec.

Comment expliquer cela?

Cette explication est très facile.

Les vers de Chénier en l'honneur de Voltaire étaient connus : ils avaient été imprimés à l’occasion de la fête; mais la musique de Gossec était encore inédite. Qu'avait done à faire le journaliste désireux d'offrir à ses lecteurs l'Hymne à Voltaire de façon qu'il pt être chanté? Ce qu'à cette époque on faisait toujours : à défaut de musique nouvelle, adapter aux paroles un air connu. On en a fait autant l'an d’après pour la Marseillaise, qui fut imprimée avec ce sous-titre : « Sur l'air de Sargines ». Et dans le Courrier même, l'Hymne à Voltaire voisine avec d'autres