Les fêtes et les chants de la révolution française

270 APPENDICE.

chansons patriotiques, l’une sur l’air des Dettes, l’autre sur : O0 Mahomet, {on paradis des femmes!

Mais quelle musique pouvait être chantée sur les strophes de Chénier, qui n'étaient pas une chanson ordinaire, mais un hymne? Il n’y en avait qu'une en vérité : celle qui, l’année précédente, avait été composée dans une circonStance analogue et sur les vers du même poète, vers qui, précisément, se trouvaient être d’un mètre identique : le Chant du 14 Juillet. L'adaptation se fit donc de la façon la plus naturelle. Elle nous apporte la preuve que la musique de Gossec pour l'hymne : « Dieu du peuple et des rois » existait dès avant 1791, et, sans pourtant avoir encore été exécutée dans une fête publique, s'était assez répandue pour être connue d’un journaliste.

Est-il maintenant nécessaire de nous arrêter à une autre hypothèse : que Gossec n'aurait composé aucune musique sur les vers du Chant du 14 Juillet, mais en aurait fait deux sur l'Hymne à Vollaire, pour, après cela, reprendre une de ces deux musiques et l'adapter à la première poésie? Voilà qui paraît beaucoup plus qu'invraisemblable! Autant l’ordre des faits exposé en premier lieu présente une succession logique, autant le second paraît contraire à toute réalité.

Mais que dis-je? Ce n'est pas deux musiques que Gossec avait écrites pour l’Hymne à Vollaire, c’est trois! Trois chants différents pour le même quatrain! Ce n’est pas trop l'usage des compositeurs d'en faire tant à la fois : cela même est pour eux bésogne fort difficile, car une fois que le musicien a trouvé la forme qui s'adapte à une poésie, il est amené tout naturellement à répéter les mêmes accents aux mêmes places, et n’a plus la liberté d'esprit nécessaire pour avoir une inspiration complètement nouvelle. Dans le cas présent, cet excès de zèle eût été d'autant moins motivé que Gossec croyait certainement travailler pour un seul jour et ne pouvait pas prévoir alors que l'exécution de son hymne aurait de nombreux lendemains : il n’est donc guère croyable qu'il se soit donné la peine de tant s’éparpiller.

Au reste, des trois versions musicales mentionnées, il