Les fêtes et les chants de la révolution française

274 APPENDICE,

son plain-chant des basses, et d'autre part (je transcris l'intitulé exact) la Marche lugubre, pour les honneurs funèbres qui doivent éêlre rendus au Champ de la Fédération le 20 seplembre 1790 aux mänes des citoyens morts à l'affaire de Nancy : au-dessous de ce titre, le peintre a reproduit les premières mesures de la Marche lugubre. Nous voilà donc fixés positivement, et cela n’est pas sans quelque importance pour cette histoire.

J'ai fait part pour la première fois de cette constatation au public en 1894 (Ménestrel du 21 janvier).

Sur l'effet de la Marche lugubre de Gossec aux funérailles de Mirabeau :

La phrase citée : « Les notes, détachées l’une de l’autre, brisaient le cœur, arrachaient les entrailles » est tirée du compte rendu des Révolutions de Paris. Ce journal disait encore : « La psalmodie du clergé n'était pas à beaucoup près aussi touchante, mais les prêtres étaient précédés d'un corps de musique exécutant sur divers instruments étrangers, naturalisés depuis peu en France, une marche véritablement funèbre et religieuse... » — Le Moniteur du 6 avril dit : « Un roulement lugubre de tambours, et les sons déchirants des instruments funèbres, répandaient dans l'âme une terreur religieuse ». — Le Journal de Paris du 5 avril parle de l'impression funèbre « quand on a entendu dans les ténèbres une musique lugubre dont les mesures, de distance en distance, étaient frappées par un instrument qui imitait un bruit de cloche ». — P. HÉDOUN : Gossec, loc. cil., résume les faits en ces termes : « IL composa la musique pour les funérailles de Mirabeau, où l’on se servit pour la première fois du tam-tam, dont les sons éclatants et lugubres produisirent sur la foule accompagnant les restes du grand orateur un effet extraordinaire ».

Sur les exéculions postérieures de la Marche lugubre, voyez: pour Hoche, un exemplaire de la Marche lugubre appartenant à la bibliothèque du Conservatoire, portant, écrits à la main, ces mots au-dessous du titre : « À l’occasion de la mort du général Hoche »; pour Joubert, le Moniteur