Les fêtes et les chants de la révolution française

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celles qui portent les paroles de Desorgues : il y a identité parfaite entre elles dans les trois premières strophes (Source de vérité, — Tu posas sur les mers, — Tes autels sont épars, de la version Chénier); mais la quatrième strophe de la composition originale (Quand du dernier Gapet) a disparu dans cette première adaptation aux vers de Desorgues. De leur côté, les parties instrumentales sont copiées conformément à la version primitive et complète; mais sur la strophe en question, elles portent la marque d’une coupure. Il résulte de là que, dès le premier essai de substitution des vers de Desorgues à ceux de Chénier, l’œuvre musicale eut à subir cette déjà regrettable mutilation.

Parmi les parties vocales, il en est qui portent des traces d'usage : ce sont celles qui ont les paroles de Desorgues; les interprètes à qui elles avaient été distribuées y ont inscrit leurs noms, généralement au crayon, suivant un usage encore en vigueur chez les choristes de profession. Il faut conclure de cela qu'il y a eu au moins une répétition du morceau sous cetle forme. On ne voit rien de semblable sur les parties avec les paroles de Chénier : elles sont toutes neuves. Il en est de même des parties instrumentales, dont l'état de conservation est si parfait (sauf pour une, qui porte des déchirures et les traces d'un griffonnage postérieur) qu'il est évident qu’elles n’ont même pas été posées sur les pupitres.

Poussons plus avant la minutie de ces observations. Et d’abord, nous reportant au récit fait dans ce livre, rappelons-nous ce qui fut dit de l’utilisation des vers de Desorgues lesquels ont servi à deux fins : d’une part à composer la musique de l'Hymne à l'Être suprême à petit chœur, d'autre part à remplacer les vers de Chénier sur la musique déjà composée du grand chœur. Pour laquelle de ces deux fins furent-ils composés? Il serait naturel de penser que CE fut pour la deuxième, et l’idée de « parodie » (émise par Zimmermann, biographe de Sarrette) est la première qui vienne à l'esprit. Cependant, le biographe de Gosset, Hédouin, toujours en désaccord avec l’autre sur les détails, dit : «Il se trouva que les paroles de Desorgues allaient très bien sur l’air déjà composé ». Si peu vraisemblable

288 APPENDICE.