Les fêtes et les chants de la révolution française

© APPENDICE. 307

Ces détails sont de nature à inspirer confiance en leurs rapports.

Une autre version, toute différente, je puis même dire : deux versions différentes entre elles nous sont données par un seul et même auteur, ARNAULT, d'une part dans sa Notice sur M.-J. Chénier (1824), d'autre part dans ses Souvenirs d'un Sexagénaire (1833). Arnault avait été collaborateur de Méhul, il travaillait notamment avec lui, vers cette époque, à la composition de Mélidore et Phrosine, qui fut représenté le 17 floréal. S'il fallait prendre au sérieux ses anecdotes, la musique du Chant du Départ aurait été composée pendant les répétitions de cette pièce : il en résulterait que la composition du Chant du Départ devrait être avancée jusqu'à une époque antérieure, non seulement à la fête de l'Étre suprême et à la loi du 22 prairial, mais même à la lecture du rapport de Robespierre sur les fêtes nationales.

Je ne veux pas entrer dans le détail de cette discussion, sur laquelle je me bornerai à renvoyer aux écrits suivants : la Révolution française, articles de M. J. GUILLAUME, octobre 1902, septembre 1903, décembre 190%, mars 1907; de M. A. LIEByY, novembre 1904, février 1907; A. POUGIN, Méhul, p. 111; CONSTANT PIERRE, Hymnes el Chansons de la Révolution, pp. 336 et suiv. Je dirai simplement que, sur la plupart des points, je me trouve être en parfait accord avec M. Lieby, qui, ayant examiné la question sous toutes ses faces, laisse entendre qu'il doute de l'exactitude du témoignage d’Arnault et des conjectures qui s’y sont greffées, continuant d’ailleurs à regarder le cas comme douteux, sans être plus affirmatif que je ne l'ai été moi-même. J’ajouterai, de mon côté, que des raisons internes, tirées de l’œuvre elle-même, m'inclinent fortement à rejeter les interprétations basées sur ce témoignage. J'ai cru voir se dégager du Chant du Départ, dans les paroles comme dans la musique, des qualités de premier jel qui ne permettent pas de croire que les auteurs s’y soient repris à plusieurs fois pour achever leur œuvre. Or, la poésie de Chénier renferme une strophe consacrée à Bara et Viala, et M. Guillaume a justement observé que la popularité des