Les fêtes et les chants de la révolution française

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plus divers, avait examiné la question d'un programme musical digne d’une telle solennité. Faire composer un hymne nouveau, il n’y fallait plus songer, il était trop tard. Un rédacteur proposa d'y suppléer en cherchant dans les œuvres des maîtres quelques pages dont le sens général s’accordât avec l'esprit de la journée. Il proposa notamment un chœur de Dardanus, de Sacchini, qu'il déclara capable de « produire le plus grand effet après que les députés de vingt-quatre millions d'hommes libres auront fait serment de conserver leur liberté ou de mourir ». On y chantait ces vers :

Grand Dieu! de mille maux accablez le coupable Qui trahit ses serments, Et dans son cœur, pour comble de tourments, Faites tonner la voix impitoyable Des remords dévorants

L'idée semble avoir été adoptée, si nous en jugeons par cette phrase d’un imprimé officiel : « Pendant la Messe, une musique assortie au local et composée des morceaux les plus frappans..… Le célèbre serment de Dardanus ne sera point oublié. » D'ailleurs, nous ne possédons aucun autre détail sur la participation de la musique à cette partie de la fête. Une seule phrase, reproduite dans deux descriptions, dit simplement « La musique la plus imposante commandait aux âmes d'élever leurs pensées à l'Éternel. » Mais tous les journaux sont muets là-dessus. S'il y eut musique, il est probable qu’on ne l’entendit guère, perdue qu’elle était dans l'immense espace, et, la pluie, en mouillant les instruments et distendant les peaux des tambours, en étouffait les sonorités. L'art de la musique nationale n'avait pas atteint à toute son ampleur au jour du 44 juillet 1790.

La messe s'achevait, la minute inoubliable approchait: