Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 35

Un coup de canon éclata. La Fayette montait à l'autel. Tourné vers le peuple, le bras étendu, parlant au nom de toutes les gardes nationales et de l’armée de France, il prononça le serment de la Fédération. Une acclamation immense retentit. Les troupes réunies au Champ de Mars répétèrent ses paroles, agitant leurs armes et les frappant les unes contre les autres; les drapeaux furent élevés; les trompettes sonnèrent, les tambours pattirent et le canon tonna.

Trois fois le serment fut prononcé : après La Fayette, par le président de l’Assemblée, puis par le roi; trois fois les acclamations montèrent dans l’espace. Chacun pensa que cette heure était celle où sonnaït la définitive rénovation.

Un chant d'actions de grâces était la conclusion naturelle et nécessaire d’un acte si unanime. Tout le monde reprit sa place; les musiciens entonnèrent le Te Deum.

C'est sur cet instant que tout l'effort musical'avait été concentré. Ce Te Deum, expression de l'allégresse populaire, tout le peuple devait l'entendre : aussi Gossec avait-il pris à cet effet les dispositions les plus habiles.

L'œuvre qu’il écrivit pour la circonstance nous est connue; elle n’a pas été publiée en son temps, mais le manuscrit en est resté : il est à la bibliothèque du Conservatoire. On lit, en tête de la première page, ces simples mots : Te Deum — juillet 1790. Après la dernière mesure, cette date : 9 juillet 1790. Donc, Gossec y travaillait dans cette même semaine où le peuple piochait la terre au Champ de Mars : chacun préparait la fête selon ses moyens. Tout nous dit que le musicien y mit tout son cœur, toute son ardeur, toute sa foi. Son manuscrit, d’une écriture nette, claire, un peu vieillotte, est tracé d’une main ferme et sûre, avec peu de ratures, = particularité assez rare dans les manuscrits de