Les fêtes et les chants de la révolution française

36 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

Gossec. L'inspiration semble être venue d’abondance; la forme résulte d’un plan d'ensemble strictement appliqué à toutes les parties de l'œuvre. — Ce n’est pas sans ressentir une certaine émotion que l’on tient entre ses mains une telle relique, nous apportant l'écho encore vivant de la sublime journée.

Gossec avait écrit déjà un Te Deum : mais cette œuvre de sa jeunesse était conçue dans la forme classique, coupée en morceaux détachés, avec des soli, des chœurs, des épisodes fugués, des développements scolastiques; les voix étaient accompagnées par l'orchestre ordinaire de la symphonie, comme les œuvres similaires de Mozart, Haydn, etc. Il comprit qu'une composition de cette nature ne pouvait convenir aux circonstances nouvelles : du premier coup d'œil il vit ce qu’il fallait. Plus de soli, de fugues, de rythmes mondains, de morceaux développés suivant les règles convenues; plus de violons, dont les vibrations délicates se perdraient dans l'immense espace. Les trois cents musiciens qu’on lui fouruit seront trois cents instruments à vent; et, pour donner à l'harmonie une base puissante et sonore, une portion importante de cette masse sera attribuée à un instrument, passé de mode aujourd'hui, le seul cependant dont on pût se servir utilement alors : la basse est renforcée par cinquante serpents.

Quant à la forme, en est-il qu’il convienne mieux d'adopter que la plus primitive, — en même temps la plus imposante — le plain-chant? Gossec écrit donc son Te Deum. en plain-chant harmonisé. Pourtant il ne veut pas se contenter de reproduire l'antique mélopée chrétienne, quelles qu'en soient les beautés. La tradition, en cette fin du xvin® siècle, l’a d’ailleurs mêlée de tant d’impuretés! Peut-être a-til raison en effet : la monotonie contemplative du psaume eût été déplacée