Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE LA FÉDÉRATION. 39

jité des symboles extérieurs. Au point de vue de l’art, malgré l'intérèt que nous avons constaté en quelques endroits, il n'y avait là, en somme, qu'une promesse. Cette promesse sera tenue : nous allons voir les intentions se préciser peu à peu et prendre corps dans les fêtes qui vont suivre ; même des idées proposées pour la grande Fédération, inexécutées par suite de circonstances défavorables, seront bientôt réajisées; mieux encore, Son souvenir va faire éclore un chant directement inspiré par elle, et vraiment digne de sa majesté et de sa grandeur.

Plusieurs poésies lyriques sont nées de cette fête, Dans le nombre, il en est une qui attira l’attention publique, tant par sa valeur intrinsèque que par son heureuse expression du sentiment général : c’est une ode de Marie-Joseph Chénier, dont le nom venait d’acquérir une notoriété bruyante grâce aux incidents auxquels avait donné lieu la représentation de son Charles IX au Théâtre-Français.

Son Hymne pour la fête de la Fédération était écrit dans la forme classique de l'ode française, traditionnelle depuis Jean-Baptiste Rousseau. L'étendue de cette pièce ne semblait pas la prédestiner à l'interprétation musicale. L'inspiration même ètait lente à s’en dégager; les premières strophes n'étaient que rhétorique. Mais bientôt l’étincelle jaillissait, et on lisait ces vers :

Dieu du peuple et des rois, des cités, des campagnes,

De Luther, de Calvin, des enfants d'Israël,

Dieu que le Guëbre adore au pied de ses montagnes En invoquant l’astre du ciel,

Ici sont rassemblés sous ton regard immense

De l’empire francais les fils et les soutiens,

Célébrant devant toi leur bonheur qui commente, Égaux à leurs yeux comme aux tiens.