Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE. LA FÉDÉRATION. 23

cérémonie si solennelle? » Cela était trop évident; aussi rHymne pour la Jêle de la Fédération ne fut pas chanté au Champ de Mars. Nous en avons la certitude non seulement par le fait négatif qu'il n’en est fait mention dans aucun des programmes, comptes rendus ou récits, mais une preuve positive est fournie par un autre périodique, les Révolutions de Paris : Le rédacteur, partisan lui-même de la substitution du chant français au Te Deum, écrivait après la fête : « J'ignore si ce poème a été adressé au comité de la Fédération, si ce comité s'est empressé de le remettre à des compositeurs; ce qui est très constant, c'est qu'il n’a pas été chanté dans les fêtes publiques ». Il ajoutait : « C’eût été une révoJution de substituer dans une cérémonie religieuse et civique notre langue maternelle à la langue latine, et une belle hymne d’un de nos poètes au vieux Te Deum! » Viennent deux années encore, et cette révolution sera bien près de s'accomplir! Il est vrai qu'il faudra pour cela un autre chant et d’autres vers que ceux de Chénier et de Gossec.

Il faut ajouter, pour finir l'histoire que, dans un banquet donné le 19 juillet pour la clôture de la fète, on lut la strophe : « Soleil qui parcourant ta route accoutumée » et la suivante, et qu'au milieu des applaudissements un musicien, demeuré anonyme, en improvisa sur-le-champ la musique; « alors, dit un témoin toutes les voix ont formé un magnifique concert ». Ce fut la première audition du poème de Chénier sous une forme musicale qui nous reste inconnue.

Pour le chant même de Gossec, une grande obscurité règne sur son origine. Il fut longtemps ignoré. Pourtant, est-il possible qu'une œuvre où s'exprime par un accent si immédiat le sentiment de la fête fraternelle ait attendu plusieurs années pour se produire? Le maitre