Les fêtes et les chants de la révolution française

44 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

qui dirigea le Te Deum sur les marches de l'autel de la Patrie avait certainement lu les vers que venait de publier Chénier; il avait tressailli à l'appel aux musiciens qui les commentait : était-ce done un autre que lui qui devait les mettre en musique? On ne saurait douter qu'à défaut de composition complète il en ait trouvé sur-le-champ l'inflexion mélodique, car le sentiment qui débordait ce jour-là de tous les cœurs est répandu sur son chant dans toute sa plénitude.

Après de longs tâätonnements, pendant lesquels on perdit toute trace musicale du Chant du 14 juillet jusqu’en 1793, il a été enfin établi que cette musique, non seulement existait, mais était connue du public un an après la fête qui lui avait donné naissance. Elle avait, par une exception presque unique, été imprimée dans le Courrier des LXXXII départements le 13 juillet 1791. Mais, dans cette édition, on la trouve appliquée à d’autres paroles, celles d’un hymne à Voltaire dont on célébrait à ce moment mème l'entrée au Panthéon. Pourtant cette circonstance fortuite (nous l'expliquerons à un autre endroit de ce livre!) ne suffit pas à nous faire douter qu'elle ait été écrite sur les vers du Chant du 14 juillet, auxquels elle n’a plus jamais cessé par la suite de rester associée.

D'autres observations, également récentes, nous permettent aussi d'assurer que, s’il n'a pas fait partie du programme du deuxième non plus que du premier anniversaire de la prise de la Bastille, cet hymne fut inscrit, avec mention du nom de Gossec, sur celui de la fête du 14 juillet 1792, — où peut-être on ne chanta guère. Enfin, quelques mois après, le poète et le musi: cien lui firent place dans leur à-propos patriotique :

1. Voyez l'Appendice.