Les fêtes et les chants de la révolution française

CHAPITRE III

FÊTES FUNÈBRES. — TRIOMPHE DE VOLTAIRE LA FÊTE DE LA CONSTITUTION

I

Après cette aurore radieuse, l'horizon s’obscurcit.

Six semaines n'étaient pas écoulées depuis que les fédérés des départements avaient quitté Paris, et déjà le beau rêve de concorde était suivi d’un réveil affreux. Le régiment suisse de Châteauvieux, en garnison à Nancy, s'étant révolté contre ses chefs, le marquis de Bouillé marcha sur la ville; un grand nombre d'habitants prirent parti pour les soldats rebelles; il y eut bataille, représailles sanglantes, pis encore, cruelles.

L’émotion fut vive à Paris. La garde nationale voulut qu'une fête commémorative fût célébrée au Champ de la Fédération. Les proclamations officielles indiquaient que la cérémonie était spécialement consacrée à la mémoire « des frères d’armes morts pour le maintien des lois ». Mais, sous ce vent de révolte qui soufflait depuis plus d'un an, est-il bien sûr que la plus large part des regrets populaires n'ait pas été plutôt aux soldats dure: ment châtiés? De fait; comme chacun pouvaits’intéresser