Les fêtes et les chants de la révolution française

FÔTES FUNÈBRES. — TRIOMPIIE DE VOLTAIRE. . 49

a Paris et mort, à l’âge de trente-deux ans, en 1788. ble de Gluck, il aurait très probablement, s’il eût vécu, tenu une place honorable dans la pléiade des musiciens de la Révolution, parmi les Mébul et les Cherubini. L'ouverture de Démophon est une page de grand style, ample, harmonieuse, et parfois non dénuée d'inspiration : le mouvement lent de l'introduction est d’un fort beau caractère. Le morceau a ceci de particulier qu'après un développement animé, dans la forme habituelle, au lieu de conclure par une de ces péroraisons brillantes dans lesquelles Méhul excellera bientôt, Jes sonorités s’apaisent, se calment, et l'ouverture finit pianissimo. Cette forme, aussi bien que le style sévère de l'œuvre, en légitimaient l'exécution dans une cérémonie funèbre, surtout à cette époque où le répertoire musical des fêtes nationales n’était pas encore formé.

Cependant, ce répertoire prenait peu à peu naissance ; Ja fête même dont nous parlons l’enrichit d’une nouvelle composition qui compte parmi les plus mémorables. C’est une marche funèbre de Gossec. Elle était d’une forme absolument neuve, et très hardie pour le temps. Je ne saurais mieux la caractériser qu’en la rapprochant d'une œuvre écrite plus d’un demi-siècle plus tard et qui se joue encore avec un grand effet dans nos concerts la marche funèbre pour la dernière scène d’Hamlet, de Berlioz.

Les tambours marquent sourdement les pas : une plainte des instruments aigus leur répond. Deux fois ils alternent; puis la mélopée funèbre se précise, en même temps que le rythme devient plus ferme. Il n’y a pas là, à proprement parler, de mélodie, mais des accents d’une expression poignante : jamais encore l'harmonie chromatique n'avait été employée avec aulant audace; c'est comme une succession de gémissement{s, toujours sou-

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