Les fêtes et les chants de la révolution française

50 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

tenus par la lourde marche des tambours. L’instrumentation, nouvelle par ses combinaisons comme par ses éléments mêmes, donnait à cette lamentation un relief saisissant. Aux instruments habituels de la musique militaire, petites flûtes, clarinettes, cors, bassons et trompettes (les hautbois ont définitivement disparu), le compositeur avait joint non seulement les serpents, destinés, comme dans le Te Deum du 14 juillet, à renforcer les basses, mais il avait résolument introduit les trombones, traités, et cela pour la première fois, dans un sentiment plus mélodique qu'harmonique. Il y a, vers le milieu de la marche, un passage où tous les instruments, à l'unisson, alternent avec le grondement des tambours, montant d’un ton à chaque période, s’élevant progressivement en un puissant crescendo : les trombones unis en décuplaient la sombre énergie. Les trompettes, traitées librement en fanfares, aceusaient la fermeté des rythmes. Un instrument inconnu, renouvelé de l’antiquité, vint pour la première fois dans cette œuvre; enrichir l'orchestre révolutionnaire : la tuba curva, que nous retrouverons bientôt. Enfin un instrument également inconnu en France retentit dans la marche funèbre : le tam-tam, dont les vibrations formidables causèrent, dans une circonstance que nous dirons bientôt, une véritable impression de terreur.

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L'œuvre de Gossec ne devait pas longtemps attendre; en effet, pour retentir de nouveau parmi le peuple de Paris. Sa deuxième audition suivit de près la première, et fut, entre toutes, celle où l'œuvre de Gossec causa l'impression la plus profonde.

.… ILest vrai qu’en ce jour le peuple était dans la tristesse : Mirabeau était mort !

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