Les fêtes et les chants de la révolution française

KÈTES FUNÈBRES. — TRIOMPHE DE VOLTAIRE. 53

au nombre des grands hommes » et décréta son transfert au Panthéon.

Les lettres et les arts étaient alors cotés très haut dans l'opinion. Le génie était un titre au respect publie, et les réflexions que pouvait faire naître, par exemple, Je corps de Voltaire exposé sur les ruines de la Bastille, n’empêchaient pas de rendre hommage à l’auteur de Zaire et au triomphateur d’frène autant qu'au précurseur de la Révolution. Aussi, les organisateurs avaient voulu que le retour de Voltaire fût essentiellement la « fête de la philosophie ». Dès le premier jour, ils avaient fait appel officiellement aux gens de lettres pour leur demander conseil : ils prétendaient faire de cette journée comme une Fédération littéraire : « Nous verrons accourir des quatre coins de la France les lettrés et les beaux esprits... Les artistes, les gens de lettres se disputent la gloire d’embellir cette solennité ». D'avance on traçait des plans magnifiques, témoignant tout au moins de l'enthousiasme suscité par le retour du philosophe. « Il faut, écrivait l’un, quelque chose d’inusité, quelque chose qui l'emporte sur tous les honneurs funèbres rendus jusqu'à nous. — Cette solennité, disait un autre, sera digne des beaux jours de la Grèce et de Rome. » Et encore : « La translation de Voltaire cause une ivresse générale. Enfin la reconnaissance publique va décerner à un simple parliculier un triomphe plus honorable et plus mérité que ceux des conquérants ».

Le programme de cette « pompe vraiment antique » fut publié plus de trois semaines avant la fête (dont la date fut reculée plusieurs fois). Conformément aux intentions manifestées dès l’abord, les places d’honneur furent réservées aux représentants des lettres et des arts. Leurs groupes défilèrent au centre du cortège, précédant immédiatement le char. La députalion des