Les fêtes et les chants de la révolution française

56 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

artistes et des théâtres venait la première; derrière elle, la statue de Voltaire, par Houdon, était portée par quatre hommes, entourée des élèves des Beaux-Arts vêtus de costumes antiques et tenant des bannières sur lesquelles on lisait les titres de ses principaux ouvrages: Ensuite marchaientles Académies, « la famille de Voltaire, c'est-à-dire les gens de lettres »; au milieu d'eux, dans un coffret d’or, était exposée l'édition complète de ses œuvres, don de Beaumarchais. Louis David, que le tableau des Horaces avait déjà rendu célèbre, avait coopéré à la mise en œuvre artistique. Le char, traîné par douze chevaux blancs « semblables à ceux que l'imagination a attelés au char du Soleil et d’Apollon », dit magnifiquement le Journal de Paris, était soutenu par quatre roues de bronze et surmonté d’une figure symbolique représentant l'Immortalité posant sa couronne d'étoiles sur la tête de Voltaire; quatre Génies, dans l'attitude de la douleur, tenant des flambeaux renversés, ornaient les faces latérales, et quatre masques scéniques décoraient les quatre angles du sarcophage; tous ces ornements, en bronze, étaient reliés par des guirlandes de lauriers.

Un grand corps de musique vocale et instrumentale, exécutant des marches et des hymnes, précédait le char; quelques-uns des musiciens jouaient des instruments de forme antique, copiés sur les bas-reliefs de la colonne Trajane, et qui piquèrent fort la curiosité : c’étaient ces tubæ curvæ, déjà notées dans la Marche lugubre de Gossec. On les voyait pour la première fois en plein jour, et Sarrette, à qui l’on fit honneur de toute l’organisation de la partie musicale, en fut vivement félicité.

Au reste, la musique était partout : outre le « grand corps de musique », l'orchestre d’honneur, l'on n'en comptait pas moins de trois autres dans le cortège (cinq d’après le premier projet), sans parler des groupes de