Les fêtes et les chants de la révolution française

58 FÊTES ET CILANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

composé un chœur sur des vers empruntés précisément à cet opéra de Samson, Qui, on ne manqua pas d'en faire la remarque, semblaient être faits depuis la Révolution :

Peuple, éveille-toi, romps tes fers!

Remonte à ta grandeur première.

La liberté Pappelle :

Peuple fier, tu naquis pour elle;

Peuple, éveille-toi, romps tes fers!

La musique de Gossec apportait encore une note différente de celles du Te Deum, du Chant du 14 juillet et de la Marche lugubre. Elle est brillante, sonore, d’un rythme nerveux et entraînant. On y reconnaît les formes classiques de la bonne époque : sur la déclamation des voix, les instruments mélodiques concertent, exécutant des dessins, des broderies de vieilles sonates.

Le défilé continua le long des boulevards, prit la place Louis XV, le quai, et traversa la Seine sur le pont Royal. Tout lelong, les musiques jouaient des marches. Malgré le caractère plutôt triomphal de la fête, la Marche lugubre figura en première ligne : c'est évidemment à elle que s'appliquent ces vers de M.-J. Chénier dans son épître : Du pouvoir de la musique, dédiée à Méhul :

Harmonieux Gossec, lorsque ta lyre en deuil

De l’auteur de Mérope escortait le cercueil,

On entendait au loin, dans l'horreur des ténèbres, Les accords prolongés des trombones funèbres.

La timbale voilée aux sombres roulements, Et du timbre chinois les tristes hurlements.

La principale station eut lieu devant la maison du marquis de Villette, où Voltaire était mort, sur le quai des Théatins, devenu, depuis l'annonce de la cérémonie, quai Voltaire. Là, un amphithéâtre couvert de verdure avait été élevé, au milieu duquel étaient groupées de jeunes femmes et de jeunes filles vètues de blanc, cein-