Les fêtes et les chants de la révolution française

62 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANCAISE.

grès. Des formes nouvelles furent créées pour elle : non des formes éphémères, mais celles qui représentent une conquête réelle de l'esprit et survivent aux circonstances qui les ont fait naître. Il est bien certain que jusqu'alors la musique française n'avait jamais connu l'ampleur que, le premier, lui donna Gossec. Sous l'influence du nouvel esprit, il devina la musique moderne. Il rechercha les sonorités puissantes, ayant une valeur indépendante de l'expression : c’est vers ce but que plusieurs de ses successeurs, et non des moindres, marcheront plus tard. Il trouva des formules que d’autres venus après lui sauront très bien exploiter. L'école de 1830 a fait grand usage d’une combinaison rythmique dont l'élément est formé par la succession d’une croche pointée et une double croche, figure qui, répétée obstinément durant une longue période, surtout aux parties de basse, donne à la musique une énergie farouche, un caractère haletant, saccadé. Berlioz, dans la Marche au supplice, Meyerbeer dans la Bénédiction des poignards, Wagner même dans le combat de Lohengrin, et jusque dans Parsifal, en ont fait un heureux emploi. Nous en chercherions en vain l'équivalent dans Gluck et son école. Cette forme se dessine avec toute sa netteté dans la Marche lugubre : c'est Gossec, le Gossec de la Révolution, qui l’a trouvée.

Ce n’est pas à lui non plus qu’on pourrait adresser le reproche, mérité par tant d’autres, de considérer l’art populaire comme un art inférieur. Créateur de la musique militaire en France, il a, nécessairement, dû fournir son répertoire de compositions d'ordre secondaire : marches, pas de manœuvres, etc. Mais dans ces productions mêmes il ne sacrifia jamais à la dignité de son art. Ces morceaux, faits pour accompagner les évolulions militaires, sont des compositions menues, assu°