Les hommes de la Révolution

— 166 —

taires ». Ailleurs, il écrit que «le conspirateur hardi disparaît derrière le menteur inhabile, maladroit ». Aïlleurs encore, il l’appelle «un monstre (1)».

Chaudon et Delandine prétendent que Babeuf «fut dans sa jeunesse laquais, clerc et commissaire à terrier. Devenu commissaire à terrier, il ne tarda pas à se livrer à son immoralité naturelle, qui lui faisait regarder toutes les actions de la vie comme indifférentes en elles ».

L'Encyclopédie des gens du monde dit «qu'il ne fut pendant plusieurs années qu’un vagabond ». La Biographie Didot, plus dédaigneuse, affirme que les «commentements de Babeuf présentent quelque chose de confus, de tourmenté et même de peu honorable ».

À la suite de ces publications spéciales, les historiens de la Révolution se sont bien gardés de rechercher la vérité et de nous présenter le véritable Babeuf ‘(2). Nous tâcherons de le dépouiller de l'étrange accoutrement dont on l'a affublé et c'est en montrant quelle longue suite de misères et de dévouements fut l'existence de cet homme audacieux et convaincu jusqu'à la

(1) Babeuf et le Socialisme en 1796, page 139.

(2) Jusqu'à ces dernières années, il n'était pas très facile d'écrire l’histoire de Gracchus Babeuf, On n'avait sur son enfance et sa jeunesse que peu de renseignements. Son disciple Buonarroti, qui a laissé deux volumes sur la conspiration des égaux, à négligé ce côté intéressant de la vie du tribun. Heureusement, Victor Advielle, biographe consciencieux et érudit, a pu nous donner une Histoire de Babeuf, à laquelle nous ferons de fréquents emprunts et qu’on est presque obligé de suivre pas à pas,