Les hommes de la Révolution

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propriété individuelle. L'abbé Fauchet, mystique et socialiste, préconisait les mêmes idées dans son journal La Bouche de fer (1). Marat, luimême, menaçait les riches d’une révolution sociale. Les privilèges économiques après les privilèges politiques étaient attaqués de divers côtés. On commençait à parler de loi agraire, c'est-àdire de partage des terres. Au club des Cordeliers et dans le journal Les Révolutions de Paris, on faisait l'éloge de cette loi (2). Un certain abbé de Cournand, professeur au Collège de France, publiait un écrit absolument socialiste intitulé: De la Propriété, où la cause du pauvre plaidée au tribunal de la Raison, de la Justice et de la Vérité (3).

En 1702, l’hébertiste Momoro, envoyé dans l'Eure y prêchait la loi agraire (4) et se voyait me-

(1) Fauchet écrivait: « Tout homme a droit à la terre et doit y avoir en propriété le domaine de son existence; il en prend possession par le travail, et sa portion doit être circonscrite par le droit de ses égaux, Tous les droits sont mis en commun dans la société bien ordonnée » A côté de lui, un illuminé, Bonneville, se fit l’apôtre de cette sorte de socialisme chrétien,

(2) «Le peuple est rentré dans ses droits, Un pas de plus, et il rentrera dans ses biens » (Révolution de Paris, no XCVI). Voir Aulard: Histoire politique de la Révolution.

(3) A cette époque, Robespierre qui fit plus tard guillotiner Jacques Roux, écrivait que «l'inégalité des biens est un mal nécessaire ou incurable »

(4) «La loi agraire, disaient Les Révolutions de Paris telle que l'entendent des gens qui n’ont rien, et que