Les hommes de la Révolution

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nacé d'emprisonnement. A Paris, des agitateurs violents tels que Varlet, Jacques Roux, allaient plus loin et exigeaient la communauté des biens. Un conventionnel, Rabaut Saint-Etienne, réclame l'égalité des fortunes (1). Le Père Duchesne demande «qu'on fasse regorger tous ces richards engraissés du sang du pauvre». On parle couramment de l'aristocratie des riches qui vient de remplacer celle des nobles. Les choses vont si loin que la Convention effrayée décrète la peine de mort contre quiconque proposera une «loi agraire ou toute autre subversive des propriétés territoriales, commerciales et industrielles (2).»

Et comme la presse est bâillonnée, comme les enragés viennent d’être réduits au silence et leur chef envoyé à la mort, l’idée socialiste qui en était à peine à son balbutiement est entièrement étouffée. Les bourgeois jacobins, maîtres de la situation, entendent qu’on respecte la propriété et la fortune qu'ils ont acquises au prix du sang.

blesse la vue de ceux qui ont quelque chose, n’a jamais été réalisée et ne pouvait pas l'être; une telle loi serait subversive de toute société civile et politique: un niveau rigoureux ne pourra jamais s'établir, et Lycurgue en était convaincu quand il proposa à ses compatriotes la communauté des biens.» (No du 16 mars 1793). Robespierre, lui, qualifiait la loi agraire de «fantôme créé par les fripons pour épouvanter les imbéciles, :. »

(1) Chronique de Paris, 19 et 21 janvier 1793.

(2) Il faut noter aussi la part que prirent les sociétés secrètes mystiques dans le mouvement socialiste avec l'Illuminisme et Saint-Martin. Des prêétres se distinguèrent particulièrement. Outre Jacques Roux, il y eut de Petit-Jean, curé du Cher; Pierre