Les hommes de la Révolution

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un envieux de la gloire des autres, un jaloux de tout ce qui dépassait le niveau ordinaire. On a parlé de sa cupidité, de son égoïsme, de sa lâcheté. Comme l'a fait remarquer Louis Blanc, l'homme qui allait bravéer sur leurs sièges les juges des tribunaux révolutionnaires; qui forçait toute une assemblée écumante de rage à s’arrêter et à l'écouter, cet homme n'était pas un lâche. Celui qui, sans abri, fuyait de cave en cave, de grenier en. grenier, couchant tantôt chez Legendre, tantôt chez Mie Fleury, tantôt à Montmartre, tantôt sur les routes, toujours opprimé, traqué, poursuivi, menacé; manquant de tout, ne songeant qu'au 5alut public et faisant délibérément le sacrifice de sa tranquillité, celui-là, certes, n’était pas un égoïste.

Sa cupidité? Nous avons dit plus haut qu'on ne trouva, à sa mort, qu'un simple assignat de 25 sols, alors que tant d'hommes en place trafiquaient et s’enrichissaient. La soif de la popularité? Il semait la sienne à tous les vents, s’attaquant aux idoles du jour, ne se souciant même pas de l'avenir qui devait lui être si inclément, ne songeant qu’à la Révolution dont il s'était constitué le gardien vigilant, tout entier au peuple pour lequel, selon sa forte expression, il s'était fait «anathème ».

Sa cruauté? Sa soif de meurtre? Lui que dévorait l'amour de l'humanité! lui qu'aucune haïne personnelle ne guidait et qui s'efforçait au contraire d’arracher ses pires ennemis à la mort. Sanguinaire, l’homme qui sauva Dussaulx, Lanthenas et Ducos, qui délivra son implacable adversaire, le physicien Charles; qui tira des mains des tricoteuses la belle Liégeoise, Théroigne de