Les hommes de la Révolution

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Au moment même où le peuple ramenait de Versailles le boulanger, la boulangère et le petit mitron, Marat était sous le coup d'un arrêté de prise de corps lancé par le Châtelet.

Le Châtelet était alors une puissance dangereuse. Ce tribunal moyenâgeux, composé entièrement d'agents de la royauté, était déjà un archaïsme dans un pays naïssant à la liberté. Le peuple l’entourait de sa haine. L'Assemblée constituante qui l’appuyait contre les journalistes populaires devait le supprimer l’année suivante. Maïs, en 1789, il était redoutable et il fallait un véritable courage pour oser l’attaquer.

Marat eut ce courage. Le sieur Joly était accusé d’avoir falsifié un arrêt. L'Ami du Peuple le dénonce, puis reconnaît que ses affirmations étaient erronées et se rétracte. Mais l’occasion était trop bonne. On encourage Joly à porter plainte. On fait apposer un placard calomnieux contre Marat. Enfin, le 6 octobre 1789, un décret de prise de corps est rendu contre lui.

Déjà Marat avait eu maille à partir avec la Commune. Il avait bravé Baïlly et La Fayette (1)

(1) Baïlly avait lu contre Marat une prétendue dénonciation du district des Filles-Saint-Thomas. La dénoneiation était fausse et le district protesta véhémentement, Hypocritement, Bailly dit à l'Amu du Peupie: «Nous croyons cependant que c'est le zèle patriotique qui guide votre plume, » Celui-ci répondit: « Je ne vous ferai pas le même compliment. Pendant que depuis neuf mois, je me suis mis au pain et à l’eau pour fournir aux frais d'impression et servis de la plume ma patrie, vous, Monsieur le Professeur royal avez l'art, comme Monsieur le Maire et plusieurs de vos collègues, de vous montrer bon patriote tout en conservant vos places et vos pensions. » (Ami du Peuple, no 20.)