Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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« réjouit dans cette vallée de larmes » — disait-il lui-même — « comme de trouver une occasion nou« velle d'estimer la nature humaine.» L'occasion qui s'offre à nous aujourd’hui d'estimer cette pauvre nature est trop belle pour que nous la laissions échapper. Dans tous les siècles je crois, dans le nôtre surtout peut-être, un fier et noble caractère, comme celui de Joseph de Maistre, n’est pas chose à dédaigner. Il y a cent quarante-trois ans, naissait, au pied du mont Nivolet, à peu de distance de cette abbaye d'Hautecombe où reposent tant de glorieux morts, l'enfant qui devait illustrer le nom de sa famille, et auquel sa ville natale s’oceupe aujourd’hui, un peu tardivement peut-être, d'élever un monument. Chambéry était alors ce qu’il est encore de nos jours, une petite ville de province, de mœurs tranquilles, patriarcales, où les familles nobles, d'ordinaire fort nombreuses, vivaient de peu, dans des habitudes d'économie et de simplicité, où les filles qui ne se mariaient pas entraient de bonne heure en religi et où, suivant un mot célèbre, les fils ne voyaient devant eux que trois carrières à parcourir: soldats, évéques ou laboureurs (*). Joseph de Maistre plaisantait lui-même volontiers sur la petite ville où il était né et le petit pays où il avait passé ses années d’en-

(1) Ene Aucier: Le Gendre de M. Poirier, acte [°, scène Fr.