Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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fance et de jeunesse. « Quelquefois » — écrivait-il de Pétershbourg, en 1812, à M. le chevalier de Rossi — « quelquefois, dans mes rêves poétiques, j'imagine « que la nature me portait jadis, dans son tablier, de « Nice en France, qu’elle fit un faux pas sur les « Alpes (bien excusable de la part d’une femme « âgée) et que je tombai platement à Chambéry. Il « fallait pousser jusqu'à Paris, où du moins s'arrêter «à Turin où je me serais formé; mais l’irréparable « sottise est faite depuis le L° avril 1754. » Toutefois, il est permis de le penser, la nature ou la providence — savait ce qu'elle faisait lorsqu'elle faisait naître Maistre à Chambéry. Tandis qu'à l'autre extrémité de la France, au milieu des landes désolées de la Bretagne, dans ce mélancolique manoir de Combourg dont il nous à laissé, au premier livre de ses Mémoires d'Outre- Tombe, une si admirable description, s’écoulait, entre un père austère ef altier qui ne lui adressait pas la parole et jamais ne l'avait embrassé, une mère qui ne faisait que soupirer et que gémir, une sœur timide et maladive, l'enfance rêveuse et solitaire de Chateaubriand, à Chambéry, tout au contraire, dans cette oracieuse vallée dont les riants paysages, la végétation abondante et le ciel d’azur nous annoncent déjà l'Italie, se formaient, au milieu de chaudes affections, de solides et saines amitiés, l'esprit et le cœur de Joseph de Maistre. « Une seule chose n’a « jamais varié >» — écrivait-il à l’une de ses sœurs à la fin de son séjour en Russie — « c’est l'esprit « de famille et le souvenir de nos jeunes années:

À