Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE 45

A compter de celui‘ qui ruina tant de sujets, et qui ébranla le crédit national, en violant les engagements du Monarque, on aurait dit qu'un esprit de vertige et de démence avait présidé à leur choix.

N’a-i-on pas vu au département de la Guerre un Sardanapale”, sans expérience, sans talents, sans lumières, borner les fonctions de sa place à représenter, à trafiquer des emplois, et à s'amuser avec des catins?

N'a-t-on pas vu au département de la Marine un homme” qui n'en connaissait pas la moindre opération; un homme qui de ses jours n’avait vu la mer, qui de ses jours n’avait vu un navire; un homme qui fit son‘ apprentissage de marin en regardant manœuvrer un vaisseau de carton dans un bassin d’eau; un homme enfin qui n’avait d'autre titre pour ordonner nos flottes, diriger leurs expéditions, protéger nos iles, et faire fleurir le commerce, que l’attention qu'il avait eue de régaler la cour des histoires scandaleuses de la ville, que l'adresse qu'il avait montrée en capturant des escrocs et des fripons?

N'a-t-on pas vu au département des Finances deux

mables par leurs connaissances et leurs bonnes intentions. N'y confondons pas surtout ce grand homme d'Etat, que ses talents appelèrent à l'administration des finances, également distiagué par la sagesse de ses vues etla pureté de ses mains : le premier, et le seul encore, il osa porter le flambeau dans ce dédale obscur, et déjà il en aurait comblé Les abimes, si la basse jalousie ne l'avait éloigné trop tôt pour notre bonheur. (Nole de Maral)

1. Maurepas.

2. Le prince de Montharrey, qui fut ministre de la Guerre en 1711.

3. Gabriel de Sartines, qui fut ministre de la Marine de 1714 à 1150, ef qui passait puur ne ri-n connaître aux choses de la marine.

+. Pour exercer le plus vil emploi, il faut un apprentissage : par quel aveuglement les princes ont-ils pu croire que le premier venu était propre aux fonctions importantes du Gouvernement ? (Note de Marat)