Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE 17

Nation lui ont fait des blessures profondes : elles saignent encore, et peut-être saigneront-elles toujours.

Dans la vue d’écraser l'Angleterre, il fomenta la dissension dans leurs colonies, et il engagea la France dans une guerre malheureuse qui a épuisé ses finances, et dont elle ne se relèvera jamais. Prompt à souffler les feux de la discorde chez les Peuples qu'il voulait asservir, il se mettait peu en peine si l’incendie s'étendrait jusqu'à nous, et si nous ne serions pas enveloppés dans leur ruine. Sans sagacité, sans profondeur, sans prévoyance, il méconnaissait les ressources qu'un Peuple libre sait toujours se ménager, l'énergie qu’il déploie en se relevant, et la sagesse avec laquelle il rachète quelques moments de délire; il ignorait le grand art de lire dans l'avenir, de calculer les événements; il voyait les coups qu’il portait, et ne voyait point ceux dont nous allions être écrasés. Bornant tous ses desseins à nuire, il nous épuisa pour arracher à nos ennemis l'Amérique, et ne songea pas même à nous l’attacher, et à nous faire recueillir les fruits de cette alliance. Que dis-je? il fit tout pour nous faire abhorrer. Les Insurgents s'étaient jetés dans nos bras; au lieu de nous montrer à eux comme des amis sûrs et fidèles, il nous montra comme des aventuriers sans foi et sans loi. Ils manquaient de munitions, au lieu de commettre à des négociants honnêtes le soin de les approvisionner, il en chargea un vil intrigant‘, un Beaumarchais, Fhomme du monde le mieux fait pour décrier la Nation, et lui faire perdre le prix de tant de sacrifices *.

1. On prétend que c'est ce vieux enfant, qui deux fois régenta la France, qui fit donner cette commission à son protégé, pour le récompenser de quelques services secrets. Au demeurant, c'est un fait que Le sieur Caron de Beaumarchais a accaparé tous les fusils de rebut tirés des arsenaux de France, au prix de trois livres la pièce, et qu'il les a vendus aux Insurgents sur le pied de cent vingt livres. (Note de Marat)

2, On n'a pas encore oublié ce trait insultant pour la Nation. Un

2.