Les philosophes et la séparation de l'église et de l'état en France à la fin du XVIIIe siécle
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LES PHILOSOPHES
ET LA
SÉPARATION DE L'ÉGLISE ET DE L'ÉTAT
N FRANCE
A LA FIN DU XVII SIÈCLE.
Il y a encore des historiens pour s'étonner que la Révolution n’ait pas proclamé dès le premier jour la séparation des Églises et de l'Etat. Ces historiens se scandalisent de « l'énorme erreur » de la Constitution civile du clergé. Ils déplorent l'erreur, plus énorme encore, des cultes révolutionnaires, Ils méconnaissent le véritable caractère de la séparation accomplie par la Convention LE et ils regrettent que la Constituante n'ait pas recouru à cette solution radicale. Bref, ils ne peuvent parvenir à s'expliquer la politique religieuse de la Révolution, car on ne s’étonne pas, on ne s'indigne pas de ce qu'on s'explique. Leur erreur provient d'un faux point de départ. Ils ont admis, sans examen, que les hommes de 89 étaient détachés de toute idée religieuse et résolus à faire triompher dans la loi un prétendu idéal de laïcité et de neutralité qui n'était pas de leur temps.
S'ils avaient mieux connu les hommes du xvinr siècle, s’ils ne les avaient pas lus à travers le prisme de leurs pensées et de leurs passions contemporaines, la politique des révolutionnaires leur aurait paru logique et claire, et leurs surprises, leurs condamnations se seraient arrêtées au bout de la plume.
Comment les philosophes, dont les révolutionnaires furent les fils intellectuels, ont-ils donc conçu les rapports de l° Église et de l'État? Les révolutionnaires ont-ils été infidèles à leurs enseignements ou se sont-ils bornés à suivre leurs conseils? La réponse à la première question nous donnera la réponse à la seconde.