Les Préfets du Consulat et de l'Empire
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Unis, qu'il parcourut; Félix Desportes, ancien préfet du Haut-Rhin, se réfugia d'abord à Landau et promena jusqu’en 1830 sa vie errante et inquiète de Mayence à Wiesbaden et de Francfort à Darmstadt; Lamarque, ancien préfet du Tarn, se rendit en Suisse et le conventionnel Legendre, ancien souspréfet, alla mourir à Constance; Thibaubeau partit pour l'Allemagne puis vint rejoindre son ami Fouché à Prague (1); André Dumont se dirigea sur Venise, puis sur l'Allemagne et Rabaut-Pommier, ancien sous-préfet du Vigan, sur la Prusse, où les exilés, rigoureusement surveillés, se voyaient
(1) Des relations étroites s’établirent à Prague entre la famille Fouché et la famille Thibaudeau. Le due d’Otrante était vieux, usé, disgracié; la duchesse, sa femme, née Castellane, était encore jeune et charmante, désabusée peut-être de cette union contractée à l'heure où Fouché était grand et puissant. Le fils de Thibaudeau, âgé d’une vingtaine d'années, ne fut pas insensible à sa beauté et vit en une intrigue galante l’emploi d’une vie d'exil sans grande distraction. Fouché, averti, fut exaspéré et adressa à Thibaudeau une lettre très-vive où, tout en déclarant lui conserver personnellement sa vieille amitié, il interdisait formellement à son fils l’entrée de sa maison. On fit courir à Paris le bruit inexact que le jeune Thibaudeau avait enlevé la duchesse (Madelin, Fouché. Lettre de Fouché à Thibaudeau, 5 septembre 1818, collection Charavayÿ).