Les serviteurs de la démocratie

: LAGRANGE 197

qua Lagrange, et j'ai le droit de la garder. Je n'en ai amais abusé pour prêter des serments et les trahir Jensuite, — et je suis accusé ! » Quelques heures après cette fière réplique, Lagrange n'était plus accusé, il était condamné.

IL resta en prison de 1834 à 1839.

Nous le retrouvons à Paris, les armes à la main, sur les barricades du 24 février 1848. Cette fois il ne fut pas vaincu. C'était au tour de la monarchie citoyenne de prendre le chemin de l'exil.

La conduite de Lagrange pendant les journées de lutte fut admirable de dévouement et d’autlace. Comme tous les hommes courageux il était bon. Grâce à son intervention, une compagnie d'infanterie de ligne qu’on allait massacrer au faubourg Saint-Antoine eut la vie sauve. Les Parisiens lui furent reconnaissants de ce qu'il avait fait, et l’élurent représentant du peuple. Avons- nous besoin d'ajouter qu’il siégea à l’extrème gauche? Il ne prit point part pourtant à l'insurrection de juin. Nonimé par le suffrage universel il ne se crut pas le droit de combattre une assemblée issue de ce même suffrage.

A l’époque du cens électoral, alors que le droit de vote était un privilège, il avait pensé que l’insurrection devenait un devoir social; mais quand l’égaiité politique fut instituée par le suffrage de tous, les révoltes de la rue n'étaient plus qu’un non-sens et un attentat parliel à la souveraineté du peuple entier. Désormais, en effet, l’évolution pacifique. remplaçait la révolution sanglante.

Lagrange s’attacha, dans les assemblées dont il fit partie, à combattre la peine de mort; il s’associa pour cette œuvre à Victor Hugo, son maitre et son ami. Le grand poète et le soldat des revendications populaires