Les serviteurs de la démocratie

ARMAND MARRAST

Paris parmi ses grands jours compte les funérailles des hommes qui ont noblement servi la patrie. Ces joursà un sentiment de fraternité réunit toutes les classes : ouvriers, bourgeois, savants, artistes et lettrés, jeunes gens et vieillards se mêlent et se confondent pour rendre hommage au bon citoyen qui disparaît, C'élait un spectacle de ce genre qu'offrait la grande cité _parisienne le 20 août 18927.

On enterrait Manuel. Le glorieux tribun de la Restauralion avait bien mérité par son éloquence et son énergie les funérailles imposantes dont on l’honorait. Lorsqu'on fut arrivé au cimetière du Père Lachaise, devant la tombe destinée àsrecevoir la dépouille mortelle du célèbre orateur, un silence religieux se fit; on vit s’avancer alors près du cercueil un jeune homme de 26 ans, à la physionomie intelligente et vive; il prononça avec un léger accent méridional quelques paroles