Les serviteurs de la démocratie

202 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE rent les colons algériens pour le remercier d’avoir pris leur défense dans le journal la Tribune.

Pendant qu'il refusait sinon la fortune, ‘du moins l'indépendance, Marrast recevait du gouvernement de Louis-Philippe une assignation à comparaître en cour d'assises. Il était impliqué dans l’un des nombreux procès en conspiration contre la sûreté de l’État que

vit éclore l’année 1834. Le rédacteur de. {a Tribune

ainsi traqué crut que le patriotisme ne lui défendait pas de faire un voyage en Angleterre. Condamné à de longues années de détention, Marrast resta en exil jusqu'en 1839. Celui qu’on a surnommé plus tard un des sybarites de la démocratie n'avait connu jusqu’à 40 ans que le travail obstiné, l'exil et la pauvreté.

Rentré en France, Marrast prend la rédaction en chef du National. Notre pays connut alors un journaliste étincelant, un véritable héritier de Camille Desmoulins et de Paul-Louis Courier.

Ce fut Marrast qui inventa la qualification de conservateuwr-borne appliquée aux députés dû centre. Il criblait des épigrammes les plus acérées la bande des

-pritchardistes. D'un ministre influent il disait : « Ce n'est pas un sol; c’est le sot! » A propos d'un député ministériel, il écrivait : « Il a rapetissé le débat afin de pouvoir le remplir. » Sa verve était si redoutable et si redoutée, qu'il n’était pas rare de voir les députés bornes courir après lui pour essayer de le fléchir et de l'amadouer.

Il

La Révolution de 1848 fut en quelque sorte l’œuvre des journalistes de la Réforme et du National. Aussi parut-il naturel que lé directeur de la Réforme, Ledru-