Les serviteurs de la démocratie

ARMAND MARRAST 203

Rollin, devint ministre de l’intérieur, et le directeur du National, Armand Marrast, secrétaire général du gouvernement provisoire, Le département de la HauteGaronne lui fit l'honneur bien mérité de le choisir pour son représentant à l’Assemblée constituante. À leur tour, les députés le nommèrent d’abord leur viceprésident et ensuite leur président.

Dans cettè haute situation, Armand Marrast montra des qualités de tenue, de bon goût, d'esprit, d'aménité qui ont fait de lui un président modèle. Personne ne fut plus vraiment gentilhomme que ce démocrate. Avec un mot spirituel il désarmait les colères; il apaisait les

tempêtes. Que de scènes auraient dégénéré en violences,

en collisions brutales sans la présence d'esprit du président Marrast. Aucun incident ne le trouvait inattentif et ne lui faisait perdre l’à-propos. Amis et adversaires ont rendu hommage à son impartialité.

Le seul reproche qu’on ait trouvé à faire à ce président républicain, c'est d'avoir eu des manières trop élégantes. On l'avait surnommé (e marquis C'était, dans tous les cas, un marquis dont Molière n'aurait pas dédaigné la collaboration. Que de sottes histoires avaient été répandues sur le compte de ce démocrate. Il s’est enrichi aux dépens de la République, disaient les uns ; il donne des fêtes scandaleuses, ajoutaient les autres. La vérité est qu'Armand Marrast dépensait tout son traitement ; il se serait cru coupable envers la patrie, s’il avait retenu par devers lui l’argent qui devait être dépensé au profit de tous. La calomnie qui, n’en déplaise à une théorie connue, n’est pas toujours im puissante, atteignit Marrast et brisa sa carrière politique. Devenu suspect à ses électeurs, il ne fut pes réélu et rentra dans la vie privée.

Là encore 10e grand calomnié fut sdb able de sim-