Les serviteurs de la démocratie

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La Revue indépendante était rédigée avec une grande audace de conception et un merveilleux talent de style. Pierre Leroux, qui avait connu Saint-Simon et qui se proclamait volontiers socialiste, soutint dans sa Revue indépendante la thèse de l'émancipation de la femme, de la réforme de l’éducation, de la nécessité d’un changement radical dans la philosophie, la religion et l'organisation sociale. Ces idées hardies étaient probablement prématurées, car la Revue, faute d'encouragement, ne put vivre, Pierre Leroux réunit et résuma les idées de toute sa vie dans le livre immortel publié en 1847, sous ce titre: De l'humanité. Le philosophe affirmait dans celte œuvre puissante que l'humanité, suivant l'expression de Pascal, est un être qui se développe toujours et vit sans cesse. Il ajoutait seulement (ce que Pascal n’avait pas prévu) que l'humanité d’aujourd'hui et de demain était la même que celle d’hier, en ce sens que la résurrection s’accomplissait ici-bas et que chacun de nous était appelé à parcourir sur la terre une série indéfinie d’existences.

III

En 1848, le peuple de Paris se souvint que Pierre Leroux avait été l'adversaire des censitaires, qu'il avait atlaqué la doctrine du chacun chez soi, chacun pour so, et dénoncé avec indignation le mot d'ordre de M. Guizol: Enrü hissez-vous! Pierre Leroux avait parfaitement vu que le danger de la société moderne, c'était la puissance {trop gran le de l'argent, et tandis que Toussenel publiait là brochure bien connue sur les Juifs rois de l'époque, il dénonçait, lui, la Ploutocratie.