Les serviteurs de la démocratie

220 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE n'avait que trente-deux ans. C'était le fils de l’ancien conventionnel qui avait représenté Toulouse dans les grandes assemblées de la Révolution. Déjà, en 1831, Godefroy Cavaignac était célèbre par son dévouement aux idées démocratiques, la noblesse de son caractère, la vigueur de son talent d'écrivain et l’éloquence de sa parole, [Il se distinguait au premier rang de ces hommes qui ont été l'honneur de la démocratie sous la monarchie de Juillet. On est heureux de saluer des ancêtres dans ces esprits chevaleresques, dans ces fiers et intrépides lutteurs qui couraient vers le danger et le devoir avec l’empressement que d’autres ont mis à se précipiter vers les sinécures et les emplois bien rétribués. En pleine monarchie, alors que l'opinion publique n’était pas encore façonnée aux idées républicaines . en face d'une législation redoutable et qui, hélas! n’est pas abrogée, ces serviteurs de la démocratie se proposèrent de briser les entraves qui garrottaient Ja liberté, de préparer, par une revendication incessante l'avènement du suffrage universel et le triomphe de la République. Cette tâche héroïque réclamait des consciences indomptables, des esprits résolus à ne jamais reculer. Comment s’engagerait la lutte et par quels moyens ?

Il s’en présentait trois : la presse, les associations et enfin l’insurrection à main armée, La presse compta Godefroy Cavaignac parmi ses plus ardents polémisies : amendes, procès, prison, exil, duels, il brava tout, Les écrivains de ce temps avaient pour emblème une plume et une épée avec cette devise: Prompte à l'une el préte à l'autre. Is s’'appelaient Carrel, Marrast, Cavaignac — la bravoure, l'esprit, la grandeur d’âme !

Malheureusement, la presse organisée comme elle l’érait alors coûtait fort cher et n’atteignait qu’un nombre