Les serviteurs de la démocratie

GODEFROY CAVAIGNAC J 221

insuffisant de lecteurs. Il fallait done de toute nécessité, si lon voulait obtenir une propagande un peu large, recourir au deuxième moyen, l'association. Mais ici on se heurtait à des difficultés légales : l’article 994 menaçait les personnes coupables de s'être réunies au nombre de plus de vingt. Avec une loi pareille, il n'y avait de possibles que les associations acréables au gouvernement. Godefroÿ Cavaignac et ses amis étaient républicains, et il ne leur vint pas à la pensée de demander au roi Louis-Philippe son agrément pour battre en brèche la monarchie. En conséquence, ils se résolurent à violer la loi à leurs risques et périls. Ce fut la violation préméditée de cette loi qui amena le procès dont nous avons parlé au commencement de cette étude.

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Les accusés comparurent devant la cour d'assises de la Seine le 15 décembre 1832. Leur interrogatoire est des plus curieux :.« Accusé, demande le président à Godelroy Cavaignac, la Société des amis du peuple ne s'occupait-elle pas de matières politiques ? — Elle s’en occupait essentiellement, monsieur le président. Savez-vous, continua celui-ci, si la société avait des affiliations en province? — Oui, monsiéur, répliqua Cavaignac; nous mettions toute l'activité possible à étendre les ramifications d’une société que nous croyions utile et que nous jugions bonne. » De pareilles réponses rendaient aisée la besogne du procureur du roi: Aussi se contenta-t-il de prononcer un court réquisiloire et de réclamer la condamnation des accusés au nom des articles 291 et 292 du code pénal.