Les serviteurs de la démocratie

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sons pas et on s'explique que leur impatience ait. égalé leur énergie. Les barricades étaient un recours violent, un procédé terrible ; mais qui oserait dire aujourd'hui qu'il était ‘sans justification? C’est grâce aux longs efforts el aux résistances sanglantes de nos prédécesseurs que nous avons pu conquérir cette république que Godefroy Cavaignac montrait comme un idéal à la France de 1852. Nous sommes: républicains, s’écriait le jeune tribun, parce que la République est la condition de tous les progrès, parce que seule elle permet d'accomplir pacifiquement toutes les améliorations sociales. [Il ajoutait avec une émotion communicative : « Nous ne sommes pas si dupes qu’on veut bien le dire, nous n'avons pas pour les mots d'amour platonique, et si la république ne devait pas profiter à tous les citoyens, si elle ne devait pas servir l'humanité et la patrie, nous, hommes et patriotes, nous ne compliquerions pas notre vie de la lutte acharnée que nous soutenons contre le pouvoir. » Ces fières paroles honorent Godefroy Cavaignae et elles honorent en même temps le vieux parti républicain, qui a le droit de les insctire sur son drapeau. A quelle époque de notre histoire rencontre-t-on plus . d’abnégation, de simplicité héroïque, de patriotisme vrai, de libéralisme sincère que durant celte période de 1830 à 1848? C’est le temps où Barbès, jeune, heau, riche, ayant devant lui toutes les promesses, toutes les séductions ét toutes les joies de l’avenir, s’enferme dans les idées républicaines comme dans une citadelle assiégée. Il ne veut connaître qu'une chose, — le dévouement au peuple; c’est le temps où Armand Carrel, dédaigneux des emplois publics, met son talent et sa vie au service des principes persécutés ; c'est le temps enfin où Godefroy Cavaignac s'engage