Les serviteurs de la démocratie

GODEFROY CAVAIGNA C 293

lui disons avec J.-J. Rousseau : Lorsqu'une loi est abusive, les citoyens doivent, en la transsressant, lui fournir l’occasion de sévir contre eux; car plus elle sera souvent appliquée et mieux ressortira aux yeux de tous, aux yeux du juge lui-même, le vice qui doit cn amener l’abrogation. »

C'était, on le voit, la théorie de la résistance aux lois dans l’intérêt de la justice, et pour créer des améliorations politiques. Godefroy Cavaignac soutenait, d’ailleurs, que Ja liberté sans restrictions était le seul moyen de maintenir la paix sociale et de faire naître l'harmonie entre toutes les parties de la nation. Là où règne, disait-il, une entière indépendance de la presse, là où tous les intérêts sont garantis et les facultés libres, il peut y avoir des associations inutiles, ridicules, mauvaises, si l’on veut; il n’y en aura jamais de dangereuses.

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III

Cet appel à la liberté trouva de l’écho dans la conscience du jury chargé de prononcer sur le sort des accusés. Godefroy Cavaignac et ses amis furent absous; il n’y eut de condamné que l’article 291. Par malheur, pour cet article, ce n’était pas une condamnation à mort.

A la suite de ce procès, d'autres procès eurent lieu dont l'issue fut fatale aux amis de la liberté, aux défenseurs du peuple. Exaspérés par ces condamnations, les démocrates qui vivaient sous la monarchie du cens électoral firent fréquemment appel à l’insurrection ; ils n'avaient pas comme nous le bulletin de vote; ils se heurtaient à des difficultés que nous ne connais=