Les serviteurs de la démocratie

LAMARTINE 231

siègerez-vous? » Le poète regarda le centre — un marais! « Ce ne sera pas là, » dit-il. Il fixa un mcment la droite et la gauche — une ornière et une

impasse : « Ce ne sera pas là non plus, » ajouta-t-il. « Où donc alors? » fl montra la coupole. C'était une façon pittoresque de dire qu’il se mettrait au-dessus des partis,

Il tint parole. De 1831 à 1848, Lamartine a été, dans toute la force du terme, cette personnalité rare qu'on appelle un indépendant. Il n’a jamais reçu de mot d'ordre. Il défendait ce qui lui paraissait bon; il attaquait ce qui lui semblait mauvais, sans s'inquiéter de plaire ou de déplaire au ministère, sans se préoccuper d’être agréable ou désagréable à M. Odilon Barrot, chef de la gauche dypastique. Durant celte période de dix-sept ans, Lamartine fit preuve de l’esprit le plus éclairé et de la plus magnifique éloquence. Il fut toujours du côté du progrès, de la démocratie et de la liberté. Comme on lui reprochait ses impatiences, il répondait : « Pourquoi faire de la politique de tardigrade? Parce que vous avez l'allure pesante, vous voudriez décréter que la France a la démarche lourde. Parce que vous avez l'amour excessif du repos, vous regardez tout mouvement en avant comme un danger. Prenez garde que cette inaction ne devienne terrible. Le pire des dangers pour un peuple c’est l'ennui. Et la France s'ennuie à présent. »

[IT

Lamartine, témoin de l’optimisme des Guizot et des Dupin, avertit la monarchie de Juillet des périls qui