Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

d'Ivernois parle à Gentz de sa lettre du « 20 du mois passé ». Elle est probablement postérieure au 14 avril, car dans le recueil inti-

tulé par Auguste d’Ivernois Copie de lettres et de mémoires de mon père, elle suit immédiatement une lettre datée du 14 avril 1798

(pp- 80-82).]

J’ai reçu avec un mélange indicible de plaisir et de peine la lettre que vous m’avez fait l'honneur de m'écrire le 20 du mois passé. Vous m’adressez des compliments trop flatteurs pour que je puisse essayer d'y repondre. Je me bornerai à vous indiquer l'effet, c’est que vous m'avez rendu le courage, et que depuis dix jours je viens de me remettre avec un nouveau zèle au travail de mon second volume auquel j'avais à peu près renoncé en raison de l’aridité du sujet et par la crainte de ne pas trouver sur le Continent des lecteurs qui missent assez d'intérêt à la question des finances. Je ramasse déjà les matériaux du troisième chapitre, celui du produit de tous les impôts réguliers rentrés pendant l’an V; c’est là que j'aurai une belle occasion de faire par l’histoire l’application de cette grande vérité que vous avez indiquée dans votre lettre au roi de Prusse, qu’un nouvel impôt, mis brusquement sur les peuples, leur paraît souvent dix fois plus pesant que celui qu’il remplace quoiqu'il le soit beaucoup moins. Les ministres n'ayant pas présenté cette année leur compte rendu, ils m’ont laissé cette tâche, qui n’est pas très facile, mais que je mènerai presque au terme, et vous-même serez peut-être étonné d'apprendre que tous les revenus réguliers n’ont fait entrer pendant l’an V que 14o millions dans les coffres de la trésorerie républicaine, et ses ressources extraordinaires 150, dans lesquels les paiements nationaux et les coupes des forêts entrent pour les deux-tiers, de sorte que la République n’a eu en recettes effectives et métalliques que 290 millions, pour faire face à des dépenses qui se sont élevées à 1.330, savoir : 290 ordonnées et acquittées, 800 de dépenses arriérées et qui s’acquittent maintenant pour la plupart en inscriptions, et 240 en contributions des ennemis et des alliés en nature ou en argent, consommés sur les lieux par les armées.