Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

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que vous arriverez au même résultat. Cependant dans un objet de cette importance on ne suppose guère une erreur de calcul considérable ; ainsi il faut nécessairement que l’un ou l’autre de mes éléments ait été erronné ; je les ai pris de deux sources : 1°du Morning Chronicle du 2 juillet, 2° du Parliamentary Chronicle, qui tous les deux s'accordent, en rapportant le discours de Msr. Pitt, sur toutesles données. Pardonnez, Monsieur, l'indiscrétion de vous charger encore du travail de rectifier ce calcul. Vous êtes si près de la première source que votre bonté ne me le refusera pas.

Je vous ai bien de l'obligation de m’avoir adressé Msr. de la Rive’, dont la conversation m’a beaucoup intéressée (sic) et à qui je dois plusieurs renseignements précieux sur l’état des sciences et de la littérature en Angleterre et en Écosse. A la même époque est arrivé chez nous un autre de vos compatriotes, qui m’a fait l'honneur de venir me voir quelquefois pendant son séjour. C’est Msr. du Roveray?, un homme que j'étais très curieux de connaître personnellement, surtout après la brochure vraiment intéressante qu’il a publiée en g4 ou 95 sur les affaires de Genève. Je vous avouerai, Monsieur, avec une franchise qui vous étonnera peut-être de la part d’un homme qui n’a pas l'avantage d’être avec vous dans une liaison intime, et qui ne sait pas même jusqu'à quel point vous pourriez être lié avec Msr. du Roveray, qu'il n’a pas rempli l'attente que j'avais de lui. Je rends justice à son esprit et à ses lumières, et comme il reviendra à Berlin pour passer l’hiver ici, il se peut que le jugement précoce que je porte dans ce moment soit beaucoup modifié et corrigé. Mais les premières conversations que j'ai eu avec lui, m'ont un peu découragé. Il ne me paraît pas assez fort dans les principes généraux et fondamentaux du droit social pour être aussi décisif et aussi opiniâtre que je l'ai

1. Charles Gaspard de la Rive (1770-1834), reçu docteur à Édimbourg en 1797, pratiqua dans cette ville, puis à Londres, et revint à Genève en 1799. Il devint en 1814 conseiller d'État de sa ville natale, recteur de l'Académie en 1823. Savant distingué lui-même, il fut le père du célèbre physicien Arthur-Auguste de la Rive.

2. Ce non est partout rendu illisible; on peut cependant le lire en comparant les trois endroits.