Lettres inédites de Frédéric Gentz à sir Francis d'Ivernois (1798-1803)

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Je vous ai marqué au commencement de cette lettre que je vous recommanderais particulièrement la traduction française de mon écrit. Je crois de mon devoir d’ajouter que j’ai le dessein de vous la dédier publiquement. J’ai voulu le faire sans vous en demander la permission ; mais comme il y a quelques fois des circonstances particulières qui peuvent s'opposer à la démarche la plus innocente, j'aime mieux vous demander formellement cette permission. J'espère qu’à moins de quelque objection majeure, vous ne me la refuserez pas.

VI

Monsieur !

Le porteur de cette lettre est Msr. le comte de Degenfeld qui se rend à Londres comme Conseiller d’ambassade pour se former dans les affaires diplomatiques, et qui serait très-charmé d'être introduit auprès de vous. Comme c’est un homme très estimable pour sa façon de penser, et les connaissances préliminaires qu’il apporte au grand théâtre des affaires, je prends la liberté de vous le recommander particulièrement et je vous prie de lui accorder l’avantage de s’instruire quelquefois avec vous.

Jespère que vous avez reçu la lettre avec laquelle je vous ai envoyé mon cahier d'octobre ; et j'attends avec beaucoup d’impatience la réponse dont vous m’honorerez.

Nous voilà donc de nouveau plus malheureux que jamais! Toutes les espérances évanouies, tous les plans rompus; la France et avec elle tout ce qu’il y a de mauvais principes et de mauvaises têtes dans l’univers triomphant de la sagesse du petit nombre d’hommes qui croyent combattre efficacement cette révolution infernale. J’ai le désespoir dans le cœur; et, si vous saviez ce que c’est que de vivre à Berlin dans un moment comme celui-ci, vous concevriez bientôt que je dois être plus malheureux que vous ; car les succès et les revers de la bonne cause sont, par le rôle public que j'ai joué, quelque petit qu’il puisse être en lui-même, devenus les miens ; et Je