Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANÇAISE. 9? £ar, monarchie & defpotifme, étant finonimes par le fait, & le defpotifme ne pouvant s'exercer que par {a violence, il faut bien que fes defpotes s’entourent dé gens d'armes, pour contenir, dans la crainte & dans une obéiffance fervile, les peuples qu’ils pillent & qu'ils oppriment, ou pour repouffer leurs infurre&tions. Or ; détruire la noblefle, c’eft défarmer le defpotifime ; c'eft le détruire; &, dans ce fens, il eft vrai de dire, point de monarchie fans noblefle, Un homme d’efprit a expliqué comment la noblefle eft le foutien du trône. Il a dit, qu'elle le foutenoit comme la corde foutient le pendu , en l’étranglant. En effet, les nobles n’ont pas ceflé de faire la guerre aux fois jufqu’à l’époque de la deftruétion de leurs châteaux-forts; & depuis que, fous prétexte de les apprivoifer, on a fait la fottife de les attirer dans les cours ; ils s’en font rendus les maîtres ; ils n’ont pas ceffé d’y folliciter des penfons, des gratifications , des moyens de dominaton & des rapines, C’eft cette perpétuelle mendicité des nobles, qui, par-tout, dévore les contributions des peuples , ruine les états; & c’eft ainfi que la nobleffe foutient le trône. Puifqu’elle eft un fléau pour les rois & pour les peuples, il faut donc labolir, Qu'il n’y ait donc plus de diftinéions héréditaires.

Aboliffez auffi, Sire , les primogénitures, les droits d'aînefle, les fidéi-commis & les fubftitutions foncières.

Aboliflez l’ufage abfurde des contrats à la voix.

Réformez de votre marine les gros vaïifleaux & les frégates de trente-fix pièces de canon de 24 livres de bales, ils vous font inutiles & onéreux; A@on ne vous a fait confentir, Sire, à cet établiflement, que

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