Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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pour fe procurer un nouveau moyen de pillage, poux fournir plus d'argent à la reine, & pour s'enrichir luimême. Votre marine ne doit avoir pour objet que de protéger vos côtes & votre commerce contre Îes barbarefques, Ces pirates n’ont que de petits vaifleaux , pour pouvoir approcher les côtes d’Afrique, qui ont peu de fonds, & qui, par cette raïfon, font insbordables aux gros vaiffeaux ; d'ailleurs, les gros vaïffeaux ne valent rien pour donner la chaffe aux chébecs & aux brigantins africains , qui font extrêmement légers & vites à la courfe, il faut donc que les bâtimens qui les pourfuivent, foient de la même légèreté; toutes raïifons qui prouvent l'ignorance ou la mauvaife foi d’A&on.

Dès que l’ordre fera rétabli chez vous, fire, vous pourrez réduire le nombre de vostroupes à douze mille hommes , ils fufiront pour protéger la fûreté publique dans vos états ; vous difiribuerez cette force publique dans vos provinces , pour y faire continuellement la guerre aux vagabonds , aux brigands , aux voleurs. Vous licencierez le refte de votre armée, parce qu’elle ne feroit qu’une dépenfe inutile & onéreufe pour votre nation , qui ne doit payer que ce qui eft néceflaire à fa profpérité ; par cette même raifon, vous devez fupprimer auffi vos ambaffades, qui font abfurdes, dangereufés , ruineufes & réellement inutiles , ainf qu’il réfulte des obfervations fuivantes.

La poñtion géographique de vos Etats, fire, eft unique & la plus heureufe de toute l’Europe ; vous n’avez point de voifins dangereux ; les Barbarefques feuls vous incommodent; mais en vous concertant avec les Efpagnols & les Français , pour délivrer à jamais & réciproque-