Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRANCAIS. 99 fnent vôtre commerce de ces pirates , l'opération ne fe. toit ni longue, ni difficile, ni difpendieufe. Séparé de toutes les grandes puïifances , elles n’ont rien à déméler avec vous, vous n’avez aucun intérêt immédiat à leurs affaires; 6 en vous préfervant des fottifes des ambaffadeurs, des alliances inutiles & des ligues dangereufes, votre tréfetéé feroit difpenfée d’entrer dans leurs tracafferies politiques, & pourroït jouir , chez elle, d’une paix perpétuelle.

Un des plus grands fervices que vous puiffiez rendre à vos peuples , fire, c’eft de brifer, pour toujours, les chaînes de l'erreur & de la fuperftition > que les prêtres leur impofent dès l’enfance, pour les tenir , pendant toute leur vie, fous le joug de leur orgueiïl, de leur ambition & de leur cupidité, Sire, ces prêtres font plus rois que vous, plus puiffans, plus defpotes, car ils exercent leur defpotifme jufques fur les rois, vous l'éprouvez tous les jours ; & je le répète , votre concordat avec le pape en eff une preuve bien honteufe, C’eft en votre nom , fire , que votre peuple recoit les ordres de vos mandataires, & vous ne les leur donnez que publiquement ; c’eft au nom de Dieu qu’il recoit ceux des prêtres, & ces athées Les leur donnent en chaire & dans le confeflionnal ; en chaire, ils lui difent : obéiffez aux rois , refpectez-les; mais dès qu’un roi contrarie Les intérêts du prêtre , celui-ci dit à l’oreille du peuple, fans témoins & fans rifques : il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux rois, le vôtre eft un tyran , un impie, il eft l’ennemi des prêtres, qui font les organes de la divinité; il eft donc lPennemi de Dieu, & vous devez le venger, en faifant périr fon ennemi; il lui perfuade en même tems que ce régicide lui méritera fon bonheur éternel ,

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