Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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s'il a le courage de l’exécuter, & qu’il ne peut éviter les tourmens de l’enfer s’il n’obéit pas. Or , de quels excès ne font pas capables des hommes crédules , ign0rans & fuperititieux , & dont l'énergie eft ainfi exaltée par le fanatifme ? Telle eft , fire, la fource de prefque tous les régicides, dans les Etats catholiques fur-tout , & l’hifloire en fait foi. Lifez, fire, dans le moniteur univerfel du 31 oétobre dernier, la lettre où je fais avouer au pape dans une harangue au peuple Romaïn , toutes les vérités qui foudroient le facerdoce.

Mais, direz-vous peur-être, fire, fi nous brifons le frein de la religion, comment pourrons-nous contenir le peuple enclin à l'erreur par fon ignorance, au brigandage par fa pauvreté , à la crahifon par fa joiblele, au meurtre par fa brutalité? Hé, fire, pourquoi ce peuple eft-il ignorant, pauvre, foible & brutal ? Son ignorance eft un crime du gouvernement, qui lui refufe l'inftrudtion, parce qu'il craint fes lumières ; fes erreurs ne font que celles qu’on lui inculque avec tant de foin dès l'enfance , pour corrompre fon efprit & fon cœur, & pour le tenir perpétuellement dans la fervitude éc l’aviliffement ; il n’a que les vices que lui donnent le defpotifme & l’impoflure facerdotale , le defpotifme royal & miniftériel , celui de la noblefle, celui des magiftrats , celui des financiers; ce font tous ces ennemis du peuple qui lexcient à la fourberie, en l’affoibliffant ; à la rapine , en l’appauvriflant ; à la férocité, en le tyrannifant; toutes les voies du crime lui font ouvertes , toutes celles à la vertu lui font fermées.

Trois moyens certains font dans les mains des chefs de gouvernement, pour guérir & préferver le peuple

. des erreurs & des vices, pour l'intérefler à faire le bien,

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