Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

F RAIN C À TSE- TOI pour le défintérefler à faire le mal, pour le réprimer, pour le rendre vertueux & heureux ; & ces moyens font , l'inftruétion , l’émulation & la crainte.

Fermez à ce peuple toutes les voies de l’erreur , dirigez-le dans celles de la nature & de la vérité, par une éducation vraiment nationale, par une inflruction parfaitement fociale , il ne péchera plus par ignorance. Fermez-lui les voies de la misère , qui eff la mère de tous les vices, de tous les crimes ; débarraffez-le de toutes les caufes qui l’oppriment , ïl ne fera plus féroce ; ouvrez des routes à fon émulation; qu’il foit libre de penfer, d'agir, de faire tel ufage raifonnabie qui lui conviendra , de fes facultés phyfiques & morales ; refpeétez fes propriétés ; qu’il jouiffe pleinement de fes droits naturels & de la liberté de confcience, qui en fait partie; inté« reffez-le. à n’en faire qu’un ufage utile à la fociété, en fui afurant des récompenfes proportionnées aux fervices qu’il lui rendra, en lui affurant fa fortune & fon avancement, en proportion de fes talens, de fes connoiffances & de leur utilité pour la fociété ; contenez-le dans Le devoir par la certitude & la crainte des peines , proportionnées à fes délits; qu'aucun fervice rendu à la patrie ne refte fans récompenfe ; qu'aucun crime ne refte impuni , fans aucune diflinétion de rang, d'état ni de naïflance.

Que le peuple ne connoïffe plus de vertus, que Îles actions utiles à la fociété ; de vices, que les ations qui nuifent à foi-même ; & de crimes, que ceux qui fonr nuifibles à fes femblables. Attachez les yeux de l’homme fur la terre, où il doit faire fon bonheur ; que fon.